- 29/04/2020
- Corona-Krise
L'avarice, c'est nul
Chers collègues,
Quand les comptes d'apothicaire prennent le dessus dans une entreprise, elle est perdue. Là d'où je viens, on appelle ça « compter les mouches ». Ça décrit bien la situation. Dans un autre registre, on dit aussi : « Pour cinq pfennigs, il a une bulle de sang dans sa meilleure partie. » Je pars du principe que les enfants ne lisent pas mes lettres. À propos du bal masqué avec les ministres : un nouvel homme politique a-t-il encore accueilli aujourd'hui dans un aéroport un autre avion transportant des masques faciaux fabriqués en Chine ?
C'est le contre-projet du visionnaire à l'instinct de jeu, du faiseur aux objectifs clairs.
En creusant plus profondément dans les couches du folklore et de la sagesse, vous tombez sur l'un des sept péchés capitaux : l'avarice. Elle n'a rien à voir avec la parcimonie, mais plutôt avec le désir d'avoir les poches pleines et le refus de partager. « Ne demandez pas ce que ça coûte, mais plutôt ce que ça rapporte. » J'ai sermonné ce refrain des centaines de fois dans ma vie professionnelle chaque fois que quelqu'un ne voulait pas investir ni partager. Quand ce message n'aidait pas, je racontais l'histoire de l'agriculteur avare qui ne voulait pas faire son travail et préférait manger les graines plutôt que les planter pour obtenir une belle récolte quelques mois plus tard. La morale était souvent : « On récolte ce que l'on sème ! »... Et il faut aussi fertiliser, arracher les mauvaises herbes, arroser, protéger, surveiller. Nombreux sont les actes de semence, c'est-à-dire d'investissement, qui ne sont probablement pas refusés pour des raisons commerciales, mais plutôt par paresse, par crainte feinte ou par avarice – ou par ces trois aberrations mentales et morales... S'asseoir sur son sac d'argent au lieu d'en augmenter le contenu – ou d'en donner une partie – n'est pas la tâche la plus noble d'un homme d'affaires, et ce (mauvais) comportement ne correspond certainement pas à l'esprit d'initiative ni au plaisir des entrepreneurs à développer leur bébé et créer des emplois.
Faire des économies, c'est utile. Économiser, c'est avant tout éviter les coûts inutiles. Il n'y a rien à redire. Mais économiser, c'est aussi prendre des dispositions pour les mauvais moments. À ce sujet, je me rappelle de ce que disait ma grand-mère : « Économise quand tu peux pour avoir des réserves dans le besoin. » Les mauvais moments reviennent toujours. Les difficultés aussi. Ne croyez pas que cette crise sera la dernière. Il y aura encore des « dégâts aux cultures » de toutes sortes. Que ce soit à cause des inondations, des sécheresses, des parasites, de la grêle, du gel, des mauvaises politiques ou du coronavirus. Faudrait-il arrêter de semer, c'est-à-dire d'investir, et ne plus entretenir nos champs jusqu'à la récolte ? C'est ce que ferait un avare ou un lâche, mais pas un entrepreneur. L'avarice, c'est pas terrible. L'avarice, c'est nul. Les avares et les idiots sont ceux qui connaissent le prix de tout, mais qui ne connaissent la valeur de rien... Économiser de l'argent à tout prix est aussi stupide. Épargner par le mauvais bout entraîne souvent de mauvaises surprises et des coûts élevés...
« Je n'ai jamais couru après l'argent. J'ai toujours attendu qu'il vienne à moi. » Ce n'est pas de moi, mais cette phrase me plaît.
Conclusion : Travailler est un plaisir. Gagner de l'argent aussi. Aider, c'est utile. L'avarice est néfaste. La croissance est une nécessité. Investir apporte des avantages. Pour récolter, il faut semer... arroser les cultures et arracher les mauvaises herbes. C'est aussi simple que cela. Bon amusement !
Bien à vous,
Ernst Prost
Gérant
