• 27/04/2020
  • Corona-Krise

Des chats castrés

Dans son annonce adressée à ses collègues, Ernst Prost critique ceux qui n’assument aucune responsabilité, mais qui pensent savoir exactement où les autres commettent des erreurs.

Chers amis,

 

Il y a peut-être 35 ans voire même 40, nous avions invité Monsieur Manfred Maus à notre club marketing d’Augsbourg. Cet homme a fondé les magasins de bricolage OBI avec deux partenaires. Bien évidemment, j’étais installé au premier rang armé d’un crayon bien taillé et de papier en quantité. Cet événement était très instructif ! J’avais recouvert mon bloc de notes lorsqu’on entama la séance des questions : « Je me présente, Monsieur Dippel de Dippel & Partner. J’aimerais savoir pourquoi vous avez fait ceci, et pas plutôt comme ça. Ce serait tellement mieux. Au lieu de ceci, vous auriez pu le faire totalement différemment, comme ça. Qu’en pensez-vous, Monsieur Maus ? » J’en perdais mon crayon, et restais bouche bée. Soudain, le public se tut. Pendant un instant, Monsieur Maus fixa du regard Monsieur Dippel, un homme très élégant du reste, avant de lui répondre : « Vous êtes certainement consultant en gestion. – Exact. Monsieur Dippel du cabinet de gestion stratégique Dippel & Partner. – Je vous prie de m’excuser, mais vous m’apparaissez comme un chat qu’on aurait castré : vous savez comment ça fonctionne, mais vous ne pouvez pas pratiquer... »  Et vlan ! Manfred Maus avait parlé...  Je n’oublierai jamais cette scène, et chaque fois que je croise un monsieur Je-sais-tout, l’anecdote me revient à l’esprit.

J’ai fait une autre rencontre du même genre il y a des années aux États-Unis. Gary Boyd, notre premier commercial, et moi étions sur notre stand du salon SEMA Show à Las Vegas. Il n’était pas très grand ni petit non plus. Nous n’avions pas d’USP (« unique selling point », soit en français un argument de vente unique), mais c’était la première fois que nous proposions les huiles moteur Liqui Moly à la vente aux États-Unis d’Amérique. Youpi ! Gary disait : « No chance, Mr. Prost. We are too expensive. » Et voilà que nous avions un USP. Sur une pancarte, nous avons écrit : « The most expensive oil in the U.S. but from Germany ». Mais ce n’est qu’une péripétie commerciale. Aujourd’hui, nous nous penchons sur le cas de monsieur Je-sais-tout, pas des pionniers... Le deuxième jour du salon, deux hommes de cette première catégorie sont venus à notre rencontre et ont expliqué à Gary et moi que nous faisions fausse route, que nous devions complètement revoir notre stratégie avant de nous expliquer ce qui serait bien mieux que ce que nous faisions là. Pendant un moment, Gary, un Californien à la barbe brune du genre Dream Boy, a prêté une oreille attentive à toute la science de ces messieurs venus Boston avant de leur demander très poliment : « When you are so clever, why aren’t you so rich? » Voilà une réplique et un sens de la répartie que je n’oublierai jamais de toute ma vie.

Thank you Gary Boyd, merci Manfred Maus !

 

Je nous souhaite à tous une semaine saine et plaisante, et beaucoup de succès !

Bien à vous,

Ernst Prost

Gérant